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La Colère

« Il ne décolérera jamais, celui qui ne sait pas pour quoi il s’est mis en colère ».

Dans notre société, la colère est très mal perçue car elle est souvent associée à la violence et à l’agressivité. Nous aurons donc recours à divers stratagèmes pour l’atténuer voire à l’étouffer à tout prix.

Pourtant la colère a des côtés positifs et indispensables: sans elle, il ne nous serait pas possible de nous faire respecter ou de nous faire entendre.

La colère est une émotion au même titre que la peur, la joie, la tristesse, la surprise et le dégoût.

Une émotion est une réaction intense et brève de notre corps face à un événement inattendu.

De nombreuses expériences, dont celles d’EKMAN fin des années 1960, ont démontrées que les émotions et leurs expressions faciales étaient universelles. Cela signifie que quelque soit l’endroit où nous nous trouvons dans le monde, quelque soit notre culture ou notre religion, nous éprouvons tous ces 6 émotions de base (colère, joie, peur, tristesse, surprise et dégoût) et que les expressions faciales qui y sont associées sont identiques.

L’émotion peut être comparée à un signal d’alarme physique (élévation du rythme cardiaque, bouffées de chaleur, transpiration, etc.) qui nous indique qu’un de nos besoins n’est pas satisfait, qu’un déséquilibre s’est produit et qu’il faut agir pour rétablir cet équilibre.

Dans le cas de la colère, cette émotion nous signalera un envahissement, une agression, une menace de notre identité. La colère va alors mobiliser l’énergie nécessaire afin de nous défendre, de faire respecter qui nous sommes ; en bref, à ne pas nous laisser marcher sur les pieds. Finalement, la colère n’est pas si mauvaise que cela. C’est l’expression de notre colère et son utilisation qui peuvent devenir néfastes.

Certaines personnes peuvent excuser leurs actes de violence par le seul fait que leur victime les a mises en colère. En réalité, l’intensité de notre colère est proportionnelle à l’Amour que nous portons à notre interlocuteur, alors que la violence vient d’un désir de destruction. Par conséquent, en aucun cas, la colère ne peut justifier un comportement violent ou agressif.

Nous venons de le voir, la colère a pour première fonction de nous préparer à agir pour défendre notre intégrité.

Sa deuxième fonction est également l’intimidation. En effet, par notre changement d’attitude et surtout d’expression faciale, nous communiquons notre colère et suscitons, la plus part du temps, le changement de comportement de notre interlocuteur. Cette fonction d’intimidation est essentielle car elle nous évite d’en arriver à un combat qui pourrait être dommageable pour les protagonistes.

En arriver aux mains signifie que nous laissons exploser notre colère. Cette explosion démontre une très mauvaise façon de gérer sa colère puisqu’elle aura des conséquences négatives. La plus part du temps, après coup, nous regretterons de nous être emporter car cette explosion de colère sera suivie de conflits inutiles, ainsi que de regrets et aura entaché nos relations. De plus, nous aurons peut être obtenu ce que nous voulions mais cela ne durera pas dans le temps.

A l’inverse de l’explosion, la deuxième façon de mal gérer sa colère est l’inhibition. Face à une situation qui nous dérange et nous met en colère, nous aurons tendance à cacher notre colère, à la rentrer à l’intérieur de nous-même. Nous allons alors accumuler cette colère en nous et elle risque tôt ou tard de sortir de manière excessive et de tourner à l’explosion.

Ces deux façons de réagir ne nous permettent pas de réfléchir de manière rationnelle et de trouver une solution adéquate.

Concrètement, pour tenter de gérer au mieux nos colères et de rendre leurs conséquences positives et acceptables, un premier conseil serait de diminuer les causes d’irritations. Si nous sommes facilement irritables, nous aurons plus facilement tendance à nous mettre dans des états de colère excessifs et donc inutiles. Pour ce faire, rendons nous la vie agréable dans ses moindres détails. Les moments agréables sont d’excellents pare-feu à l’irritabilité.

Un deuxième conseil serait de réfléchir aux situations et à nos croyances (ce sont ces phrases toutes faites que nous nous sommes créées et que nous nous répétons à longueurs de temps) afin de les rendre plus flexibles et surtout plus modérées. Il est également important de réfléchir à nos priorités et de se demander si une telle situation nécessitait que nous nous mettions en colère. L’objectif n’est pas d’annihiler toute forme de colère, mais bien d’éviter des colères inutiles.

Il est également important de prendre en considération le point de vue de l’autre et de lui laisser le temps de l’exprimer. Cela permettra de relativiser et amènera plus facilement les protagonistes à trouver une solution à la raison de leur colère.

Il est parfois sage de laisser passer une nuit de réflexion. Ce temps permettra de réévaluer la situation qui nous a mis en colère, d’éventuellement prendre conseil et de réfléchir à nos ressentiments et surtout à ce que nous allons dire à notre interlocuteur sans ranimer davantage le conflit.

Lors d’une dispute emprunte de colère, les accusations et les insultes, d’autant plus, sont à éviter à tout prix car elles incitent l’autre à se mettre en position défensive et à riposter de manière agressive. Cette situation risque de blesser durablement l’autre et de rendre une réconciliation compliquée.

Il est parfois plus judicieux de stopper nette la discussion lorsque nous sentons que nous perdons notre self-control car les conséquences risquent d’être irréparables (rancoeurs, ruminations, rupture dans les relations, etc.).

Il arrive que certaines personnes ne parviennent pas à exprimer leur colère. Ne pas manifester sa colère revient à ne pas se faire entendre, et à ne pas se faire respecter. Cela entraîne souvent des ruminations interminables et la personne qui ne parvient pas à exprimer sa colère à tendance à se justifier intérieurement : « Finalement, ce n’est pas très important ; cela ne vaut pas la peine de s’énerver pour si peu ».

Beaucoup de gens s’empêchent de se mettre en colère car ils craignent d’être rejetés et de se retrouver tout seul. Pourtant, la colère attire l’attention et la plus part du temps, nous fait apparaître aux yeux des autres comme important.

L’objectif de la colère n’est finalement pas de rompre tout lien avec les autres mais à les amener à vous accorder plus de considération, de respect et d’attention.

Il est donc important de se mettre en colère et de l’extérioriser mais tout en respectant nos interlocuteurs!